B comme Beauté
Si la beauté et la laideur ne sont pas neutres, en quoi sont-elles politiques ? Aujourd’hui l’esthétique est prise en otage par l’art contemporain, via les milliardaires et les marques de luxe… qui nous apporte en échange de la sensibilité une sorte de loi du cynisme. Les artistes contemporains sont cyniques : en permanence, ils font passer la dévastation de la sensibilité et de toute réflexion esthétique qu’ils mènent, pour quelque chose de risible et d’insignifiant. […] Ce qu’il se passe dans les musées est la même chose que ce qu’il se passe dans les grands supermarchés : on y voit partout à travers le monde les mêmes codes, les mêmes marques, les mêmes produits, les mêmes artistes.[…] Aujourd’hui, la seule issue qui nous est imposée est la marchandisation du monde. Il y a à travers l’art contemporain une guerre généralisée, omniprésente, concertée, contre tout ce qui échappe à sa commercialisation. C’est une guerre menée contre tout ce dont l’on ne peut pas extraire de la valeur. À l’inverse de la sensibilité on vous impose des sensations fortes. La société de consommation a saturé l’espace du désir, il n’y a plus de place pour le rêves, ni pour la révolte.
Extrait de paroles d’Annie Le brun dans La grande table – 2ème partie du mardi 12 juin 2018 sur France culture.