M comme Magie
L’art de changer la conscience à volonté, d’après cette conception, la magie inclut la politique, qui a pour but le changement de la conscience et par conséquent la conduite du changement. […] La magie peut être très prosaïque. Un tract, un procès, une manifestation ou une grève peuvent changer la conscience. La magie peut aussi être très ésotérique, mobiliser toutes les anciennes techniques qui visent à élargir la conscience, développer l’expérience psychique, aiguiser l’intuition.
Extrait de Rêver l’obscur, Starhawk éditions Cambourakis p.51
Si le premier acte de Magie des écoféministes sorcières consiste à nommer ce qui fait peur, ce qui rend impuissant-e, le second consiste à nommer ce qui rend puissant-e, nommer ce que l’on souhaite à la place : c’est ce que Starhawk appelle « créer une vision ». « Nous faisons de la Magie en visualisant ce que nous voulons créer. » Après d’autres, Starhawk attache une très grande importance aux récits qui structurent notre monde moderne, des rêves de conquêtes et de progrès principalement, et à la nécessité de les nommer, mais aussi d’en inventer d’autres. On pourrait juger cet acte de créer une vision un peu court, sans contrainte, c’est-à-dire aussi sans effet, mais ce serait passer à côté de la difficulté de fabuler d’autres rêves aussi intensément désirables que ceux nourris par cette idée insensée de progrès, comme celle d’inventer d’autres rêves aussi puissants que la puissance de nos rêves de conquête. Après tout, si nous connaissons aujourd’hui cette crise climatique, c’est peut-être que nous rêvons encore ces rêves-là…
[…] À cet égard, il est clair que la recréation de la déesse par les écoféministes néo-païennes, comme la réactivation politique et pragmatique de l’éradication des sorcières européennes, fabrique une vision aussi puissante que radicalement différente en terme de monde.
Extrait de la préface de Emilie Hache de Rêver l’obscure. Femmes, magie et politique, Starhawk, éditions Cambourakis, p.20